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Souveraines de notre lumière

Dernière mise à jour : 24 avr. 2020

Voilà plusieurs jours que je me suis décidée à écrire un article sur l'amour, la lumière, la singularité, qui on est, qui on accepte de devenir ou pas dans le cadre d'une relation. Je choisis de le traiter sous l'aspect féminin, parce qu'être une femme en relation a ceci de particulier que l'on doit souvent combattre un "être femme" au nom duquel on accepte et où on nous contraint beaucoup.


Le propos n'est évidemment pas de diminuer ni de nier ce que les hommes peuvent vivre de leur côté. Un "être homme" ou "être un homme" contient autant de diktats et de croyances que ce que l'on attend des femmes. Seul le contenu diffère.


De l'amour


Le titre "De l'amour" me vient assez automatiquement. Je me rappelle alors que ce titre n'a rien d'original. "De l'amour" vient de Stendhal, de ces époques que je m'imagine comme plus romantiques qu'aujourd'hui, de ces autres temps où les sentiments me semblaient plus grands, plus nobles, les hommes et les femmes plus érudits, encore que… Mais passons…


Ce titre me ramène aussi à moi, à mes propres insatisfactions et espérances projetées dans mes relations passées … A ce que le cheval m'a amené comme levier de changement et de pacification de mon rapport à moi, à l'autre et à ce qui me porte à le considérer comme influenceur positif pour les relations en général en société.


Cela me ramène également à ce nécessaire et non négociable amour de soi. A ce respect absolu de nous-même et de nos limites que l'on se doit de s'accorder d'abord à soi avant de découvrir certaines de nos facettes au contact de l'autre, avant de pouvoir donner sincèrement sans attendre recevoir en retour. C'est fondamental et en même temps je m'agace de ces phrases qui inondent les réseaux sociaux comme des gimmicks du développement personnel où on nous recommande de tomber amoureux-se de soi pour nous sentir bien. Cela me semble tellement limitatif et éloigné de nos aspirations profondes et naturelles d'être en lien à l'autre, d'aimer et de se sentir aimé que proclamer un genre de "me, myself and I" comme échappatoire à ce qui se passe en cette période de confinement, mais plus largement aussi de misère relationnelle, me semble d'une malhonnêteté intellectuelle maladroitement travestie sous les atours d'un égo spirituel. Ce n'est parce qu'on préfère marcher pieds nus plutôt que mal chaussé-e-s, qu'on ne rêve pas de valses, de voyages, ni de chemins lumineux parcourus à deux et pourquoi pas les pieds dans le sable.


L'amour de soi, oui, comme point de départ et comme boussole interne pour savoir qui on est et vers qui se diriger, pas comme une finalité en elle-même. Ou pas toujours en tout cas.


Il était une fois ....


L'histoire banale d'une mise en cage


Ce que l'on nomme amour à travers les âges laisse autant d'amertume que d'espoir, fait couler des larmes, donne des ailes, enflamme les lits ou embaume les cœurs à coup de poison domestique… Seul-e ou (mal) accompagné-e, on se laisse transporter vers des personnes que l'on va même ouvertement jusqu'à considérer comme "objet du désir" dans une sorte de posture convenue d'avance comme parce que "je te veux", "tu seras à moi" et si "tu es à moi "marche ou crève" sous mes lois, dans mon cœur, dans mes rêves, dans ma tête quand ce n'est pas sous mes coups, et surtout néglige tes propres rêves, tes besoins, tes souhaits, …. Plais moi autant que je le souhaite et sois tel-le que je te souhaite car tout objet de désir fascinant que tu sois, tu n'es qu'objet.


Ce que je rêve pour moi, pour toi, pour ce nous inconsistant se fera loi, jusqu'au jour où par survie ou par raison tu redeviendras sujet, ce jour où le mystère et la magie s'évanouiront dans une violence commune qui nous fait tous accepter à un moment donné ou à un autre et certes à des degrés divers, qu'en matière d'amour, on se contorsionne bien plus l'âme que le corps dans cette regrettable danse des lendemains qui pleurent et des spirales délétères qui nous font pourtant espérer sans cesse et sans trêve qu'un jour, cette rencontre avec l'élu-e de notre cœur maintes fois fantasmé aura bel et bien lieu dans ces visages, ces discussions, ces rêves qui nous feront ressentir ce que nous devrions pourtant savoir de nous-même et de longue date, que nous sommes tous et toutes exceptionnel-le-s quand nous ne nous transformons pas en tyrans. Pour danser le tango, il faut être deux et s'accorder.


Le registre amoureux nous offre ainsi régulièrement son florilège de violences tolérées dans un spectre de comportements pourtant intolérables allant des paroles diminuantes, aux blagues sexistes, en passant par la non prise en considération systématique des besoins de l'autre pour aller jusqu'à se lover dans la négation pure et simple d'autrui et la surpuissance dans des relations extrêmement toxiques mettant en lien un pervers-e narcissique ou un manipulateur-trice et sa victime.



"Etre femme"


Dans cette tyrannie relationnelle, la femme est bien souvent contrainte de faire profil bas. Les qualités souvent considérées comme féminines ont tendance à construire et à justifier des comportements de retrait, d'acception, de compréhension aveugle, de soumission et d'inégalité.


« Être femme » et non pas « être une femme » empêcherait donc en un sens d’être soi avant tout. Pourquoi vouloir être prétendument "parfaite" et obéir à ceux et celles qui érigent en standards des comportements limitants, anxiogènes et peu épanouissants? Pourquoi se laisser étouffer lentement à coups de désillusion et d'(auto)sabotage qui rendent difficile le fait d’être une personne à part entière et d’être femme à sa manière?


"On ne naît pas femme, on le devient" disait Simone de Beauvoir.

Le sexe est une donnée biologique, le genre est toujours politique. Mettons-y ce que nous souhaitons. Prenons garde à nos croyances et aux modèles auxquels on se réfère pour normer, qualifier, comparer. Prenons également garde à ce que l'on qualifie à tort de masculin ou de féminin. Tout, absolument tout est subjectif et fait l'objet d'un choix à la base.


On impose aux femmes et on oscille effectivement constamment en tant que femme entre des archétypes maternels, amoureux, de réussite et même de management dits «féminins », avec des postures empruntées, des loyautés et des rapports de force à peine masqués. Un étiquetage constant et immuable qui colle à la peau comme un vêtement de mauvaise qualité, qui, sous la pression de ce mauvais rôle, synthétise dans la chair, la tête et le cœur les attentes sociales et politiques qui dérivent de la condition féminine.


Il est impératif de se positionner comme une personne entière, qui peut entrer en relation en étant véritablement soi. Se référer au féminin le cas échéant ne devrait être que l'occasion de rendre hommage à ce que le féminin recèle de personnel, d’intime, d’intelligent, d’intuitif et de puissant dans une individualité et une originalité retrouvées.





Oser briller


Je me souviens d'un coaching typiquement en lien avec le féminin et le fait d'oser être soi. Ma cliente a environ quarante ans. Elle est intelligente, même à haut potentiel, elle est sensible, en proie à de nombreux questionnements existentiels et prend un rendez-vous pour y voir plus clair. On passe tout en revue: son environnement de vie et professionnel, ses ambitions, ses valeurs, ses croyances, … pour arriver à la fameuse mission de vie.


Des qualités elle en a des tas. Des croyances limitantes, tout autant. Un diktat de fond lui impose d’être "parfaite"; c'est-à-dire de n’être que lumière (interdiction donc d'avoir une part d'ombre), mais sans trop briller toutefois… D’être limitée en somme depuis petite, car briller serait dangereux et qu'il est préférable alors de troquer son individualité pour une base inspirée par d’autres, par d’autres vies, par des peurs qui ne lui appartiennent pas, mais qu’elle a fini par faire siennes. Le coaching lui a permis de trouver sa voie, mais aussi de débusquer des raccourcis et ce « sois parfaite » « sois quelque chose » « sois quelqu’un d’autre » qui masque surtout le soi véritable et ses nécessaires nuances comme une palette de possibles et d’intensité qui rendent chaque individu unique.

Autre histoire, autre profil. Elle est jeune, pétillante et fait partie de ces personnes qui inspirent confiance. On se sent généralement bien à ses côtés car elle est à l'écoute, disponible, empathique. Elle donne sans compter. On se confie facilement, parce qu'on se sent en sécurité avec elle. Elle est fatiguée, hypersensible, à court d'énergie. Dans son cercle d'amis ou intime elle est constamment confrontée à des questions de limites.


Quand, à bout de souffle, elle finit par dire stop alors qu'elle aurait du dire non depuis longtemps, elle se fait attaquer au niveau personnel. Les prétendus amis ou amants lui reprochent d'être égoïste, d'être sans cœur, distante, injuste. En posant un autre regard sur ses relations, elle comprend en quelques coachings où ça cloche au niveau de sa posture, elle se rend également compte de la vampirisation qui a eu lieu et elle entame un travail de reconstruction et de pose de limites.


Les exemples de femmes que je rencontre en coaching sont nombreux et différents évidemment. Les vécus ont cependant souvent ceci en commun qu'ils semblent tourner autour de cette incapacité réflexe de ne pas vouloir/pouvoir/oser prendre sa place, briller et se sentir bien déjà soi-même et par soi-même, de s'accorder de valeur indépendamment de la mise en relation et du feed-back de l'autre.


L'éducation sentimentale


Décidemment me voilà branchée titres classiques. On marche en trébuchant, en faisant confiance, en se fichant des obstacles, en perdant équilibre, en tombant, en se relevant, … en gros, si on veut marcher un jour, on a pas le choix, on ne nous le laisse pas nous plus. Il est en peut-être de même en matière d'amour. Encore faut-il ne pas se fermer le cœur, ni le laisser se fossiliser sous les flammes de la passion destructrice, de la blessure, ou de la douleur de ne pas vivre une expérience à la hauteur de nos rêves.


L'équilibre consiste alors à trouver suffisamment d'intelligence émotionnelle pour expérimenter sans se blinder, pour entrer en relation sans dominer. Personnellement et notamment, en regard de ce qui précède, énoncer ceci sans donner des pistes d'évolution peut tenir du vœu pieux et c'est là qu'entre en scène le cheval.




Ce qui m'a été murmuré au cœur par les chevaux


A trente-trois ans en reprenant l'équitation, j'ai voulu reconnecter avec des sensations issues de mes souvenirs auprès des chevaux quand j'étais enfant et adolescente.

J'ai eu effectivement diverses occupations professionnelles, divers projets, avec la subsistance de cette passion pour ce noble animal comme compagnon de route, de liberté, de compréhension mutuelle et instantanée. Cette certitude d'être sur une même longueur d'ondes, rare dans la manière dont nous échangeons généralement entre bipèdes contrits de règles de bienséances.


Sauf que quand je me suis autorisée à reconnecter au monde des chevaux, les choses ne sont pas passées comme prévu. Mon cœur était fermé, et tout mon être était en tension en vue d'obtenir un résultat relationnel. Exactement avec le même type de posture que l'on peut avoir quand on attend de l'autre sans se mettre en mouvement soi.


Il fallait que ça roule, que ça soit un genre de coup de foudre, que le cheval me reconnaisse instantanément comme étant quelqu'un de confiance. Quelqu'un de "bien" même. Et qu'il vienne en plus chercher le contact. Si ce n'est le cas et comme je le constate aussi auprès de mes clients, le premier réflexe va être de se sentir nul-le, rejeté-e, abandonné-e et de se mettre par la même occasion encore plus en tension et de la projeter sur le cheval.


La déception fut cuisante et elle ne s'arrêta pas là. A trente-trois je savais certes toujours monter à cheval, mais j'étais en piste comme je l'étais dans la vie, c'est-à-dire probablement comme dans une arène. Tout cela c'est très bien quand on vit avec la croyance que la vie est un combat.


Sauf qu'on ne se bat pas avec son cœur, encore moins avec un cheval.

Après deux ans d'équitation et quelques remises en question plus tard, je me lance dans des formations d'équi-coaching et je décide d'acquérir mon premier cheval, Alpi, en pleine séparation avec mon ex-mari. Alpi met plus d'un an à se remettre de sa séparation de son ancien troupeau, peut-être comme moi d'ailleurs pour me remettre de l'échec de mon mariage. C'est une période à la fois complexe et passionnante qui s'ouvre en terme d'évolution personnelle, d'observation de l'autre, d'observation de soi.


Aujourd'hui, mes chevaux me font confiance et nous formons notre harde parce que nous ne dominons en aucune manière, nous dialoguons, nous posons nos limites, nous proposons des choses et nous lâchons prise quand c'est nécessaire.


Voici donc quelques clés de relations harmonieuses avec les chevaux et d'amour inconditionnel humblement transposables dans nos relations humaines: pour être en lien avec un cheval il faut être de confiance, sécurisant et pour ce faire, il faut être "vrai", authentique, congruent entre ce que nous pensons, nous ressentons et la manière dont nous agissons.


Mais ce n'est pas tout, si on veut être remarqué, il faut aussi être actif, proposer des choses sans les imposer dans la force. Il faut se bouger, trouver la bonne énergie, avoir un cœur de lion sans être un prédateur.


De la même manière que l'autre nous révèle nos blessures, le cheval qui ne s'embarrasse pas de nos attentes personnelles et de nos jugements, nous renvoie à cette réalité fondamentale et toujours dans une absolue bienveillance, que nous sommes les seuls responsables de notre bien-être. Il nous revient de nous positionner correctement pour l'obtenir en acceptant nos vulnérabilités, sans jamais tolérer la violence, sans accuser l'autre de nos propres failles.


Si une situation ou une relation ne nous convient pas, nous pouvons agir, la modifier, partir; en faisant confiance à ce qu'on ressent, au-delà de ce qu'on pense devoir faire et nous redevenons alors pleinement nous-mêmes en pleine possession de nos moyens, de notre lumière, de notre capacité d'action.

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