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Pourquoi il faut garder espoir

Dernière mise à jour : 25 mars

Au vu du contexte actuel (montée des tensions internationales et dépassement toujours plus fou des limites planétaires), il est tentant de baisser les bras et de se laisser aller à l'abattement. Pourtant, le meilleur est à venir, et nous vous expliquons pourquoi et comment dans cet article.


C'est un fait : le taux de mortalité par suicide des jeunes femmes de 19 ans ou moins augmente en France depuis 2020 : 2,2 pour 100 000 habitantes en 2022, contre 2,0 en 2021 (1,3 en 2020). "Ceci peut se relier au constat d’une dégradation importante de la santé mentale pour certaines jeunes femmes et adolescentes, comme en témoignent la forte augmentation du nombre de jeunes femmes hospitalisées pour gestes auto-infligés observée depuis 2020 et la hausse des syndromes anxio-dépressifs" (Hazo, et al., 2024, source).


Il y a une montée indéniable du mal-être (pas que chez les jeunes femmes, les pays riches sont manifestement dépressifs), qu'il serait trop complexe d'analyser ici en profondeur, car les causes sont multifactorielles. La question est : comment retrouver la sérénité et l'envie de vivre sur cette planète que l'on détruit à petit feu? Comment sortir du désastre sanitaire créé par les écrans?


Cheminer ensemble sur la courbe du deuil


D'abord, poser le constat. Dans une société où tout va plus vite et où les individus n'ont pas d'autre choix que de se recroqueviller sur eux-mêmes, où entendre les bruits du monde donne envie d'hiberner dans une caverne, où les multiples injonctions, couplées au jugement perpétuel, usent l'esprit et le corps, comment s'étonner de ce mal-être?


Les femmes sont particulièrement victimes. Malgré les nombreux progrès et évolutions au cours des siècles, nous portons un lourd héritage d'injustices. Nous trimballons dans notre bagage génétique tant de brimades, de violences, de blessures physiques et émotionnelles, qu'il est difficile aujourd'hui de puiser la force en nous pour continuer à nous battre.


Surtout quand on constate un retour en force du "masculinisme", fort malvenu en cette période de chaos planétaire.


Comme l'a rappelé la philosophe Vinciane Despret le 15 mars dernier à l'Université de la terre à Paris, citant Virginia Woolf : Le futur est sombre, ce qui est la meilleure chose qu’un futur puisse être. "Bien sûr c’est sombre, mais c’est aussi opaque, c’est-à-dire on est dans le noir, donc on ne voit pas tout ce que le futur recèle comme possibles. Et donc le fait que le futur soit sombre, ça veut dire qu’il y a des tas d’ouvertures possibles. Et c’est à nous, il nous revient, il nous appartient, d’essayer de privilégier, de faire exister, de faire sentir, de cultiver, de nourrir ces possibles-là plutôt que par exemple des futurs tragiques".


Alors si nous commencions par ne pas rester seules, faire communauté, pour mieux nous épauler? Et si nous explorions ensemble ces futurs possibles? Et si nous (re)prenions notre juste place grâce à la sororité (Sisterhood is Powerful de Robin Morgan publié en 1970)? Chloé Delaume définit la sonorité comme une relation horizontale, sans hiérarchie ni droit d'aînesse. Un rapport de femme à femme.


Avec les Bienveilleuses, nous avons cette envie un peu folle de créer un ou des espaces de liberté, une communauté sans frontières où cette sororité pourrait s'exprimer dans toute sa douceur et toute sa fougue. Avec un lien commun, l'amour que nous portons au Vivant, et aux animaux non-humains en particulier.

Des "safe spaces" à co-construire


Chez les Bienveilleuses, nous sommes attachées à ce que l'on pourrait nommer une éthique de vie. Mais qu'est-ce que cela signifie? Pour certaines, cela pourrait demander un effort, et la société dans laquelle nous vivons rejette facilement cette notion d'effort, car elle renvoie à quelque chose d'inconfortable, que l'on n'a pas envie de faire (plutôt rester sur le canapé à scroller avec plaid et mon chat/chien sur les genoux!)


On va donc plutôt parler ici d'hygiène mentale, qui va impliquer qu'on laisse tomber les réflexes psychologiques de défense passive-agressive. Cela demande d'être lucide pour déconstruire les schémas sociaux qu'on a intégrés inconsciemment. Plus concrètement, il faut continuer à davantage libérer la parole, se protéger mutuellement.


Cela peut passer par exemple par la multiplication des cercles de femmes.  J'en ai organisé un récemment chez moi, et je suis toujours surprise par la puissance de ces moments suspendus, magiques. Nous nous retrouvons autour d'un sujet (précis ou non), et laissons de côté notre armure de wonderwoman pour livrer nos doutes, nos peurs, nos émotions, et accueillir sans jugement celles des autres. Créer les conditions favorables à un bel échange n'est pas si compliqué : un lieu apaisant (bougies, coussins, infusions, musique douce), une petite médiation guidée pour commencer, un retour au corps et un focus de l'esprit qui font du bien dans le rythme trépidant de nos journées à rallonge. Chacune peut personnaliser son cercle, y ajouter des rituels, parfois ancestraux, que nous retrouvons naturellement en se laissant guider.


Il y a d'autres façons de faire communauté, à nous de les co-construire. Nous allons organiser des rencontres, virtuelles et réelles pour faire émerger nos récits désirables.


Pour les militant(e)s : la théorie des adjacents possibles


Nous entrons ici dans un concept un peu plus complexe, avec la conscience qu'il n'est pas facile de faire des passerelles entre ce que nous venons de voir et l'actualité.


Le biologiste le sait, : le Vivant avance pas à pas, mutation après mutation. Chaque mutation rend possible de nouvelles mutations, pour le meilleur et pour le pire. Si on prend l'image du jeu d'échecs, nous avons un pouvoir en tant qu'humains : c’est de transformer un pion en cavalier, ou en fou, ou en dame. Nous pouvons faire en sorte d’agrandir l’ensemble des coups possibles auxquels l’humanité a accès, c’est ce que Kottke appelle les adjacents possibles collectifs.


J'ai découvert cela dans une vidéo youtube recommandée par un collègue fresqueur, et je dois dire que le concept vaut le détour, et personnellement, me redonne espoir.


A l'heure où la démocratie semble reculer un peu partout dans le monde avec la montée du fascisme et de la polarisation des populations, il est important de se poser la question de savoir quelles sont les opinions qui font consensus et quelles sont les lignes de clivages qui traversent les élans de protestation. Pourquoi? Car identifier des consensus permet de davantage unifier une population, mais aussi de prioriser les mesures consensuelles. 


Et si l'on pouvait cartographier en temps réel les opinions d’une grande masse de personnes? Et si on pouvait faire en sorte qu’on puisse extraire la sagesse des foules du Web plutôt que d’en extraire la substantifique débilité? C'est ce que propose la plateforme pol.is.


 "On ne cherche plus autant à imposer notre imaginaire au reste du monde qui est sommé de le trouver désirable, qu’à défricher le départ d’un sentier qui sera exploré collectivement s’il semble assez prometteur. Chacun aura le sien en fonction de sa sensibilité et de sa compréhension du monde. A titre d’exemple, un sentier qu’il est selon moi utile et important de défricher est celui qui nous permettrait de quitter l’autoroute sur laquelle les algorithmes de recommandation des big tech nous mènent." explique le youtuber Après la Bière.


Pour résumer, nous pouvons concevoir ensemble des algorithmes de recommandation qui ne soient pas l’équivalent pour nos sociétés d’un biais cognitif qui pousserait un humain à lui-même se couper les bras face au danger… Autrement dit, que soit recommandé à l’échelle du globe non pas ce que “JE” pense qu’il faut recommander ni ce que “VOUS” voudriez recommander et encore moins ce que Big tech a intérêt à recommander mais les contenus qui émergeront de l'agrégation de tous nos votes de recommandation.


L'espoir c'est ça. C'est de se dire qu'on peut directement participer à rendre accessible une case que l'on estime utile ou stratégique dans la partie d’échec planétaire dont nous dépendons tous.


Nous avons beaucoup plus de pouvoir que nous l'imaginons


Quel lien pouvons-nous faire entre la sororité, le pouvoir féminin, et les adjacents possibles?


D'abord se rappeler que les personnes qui verrouillent tout, qui sont contre la protection de l'environnement, contre les minorités, contre les étrangers, contre ce qu'ils appellent "woke", c'est à dire éveillé, sont minoritaires. Et nous sommes des millions, des milliards, à vouloir l'épanouissement collectif.


Se rappeler cela, c'est se rappeler que les totalitaires minoritaires prennent le devant de la scène non pas parce que cela représente la pensée majoritaire des masses, mais parce qu'ils ont su jouer avec ces algorithmes.


Nous aussi nous pouvons, nous devons faire entendre notre pensée profonde. Nous aussi pouvons changer le cours de choses. Unissons-nous!





 
 
 

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